La pharmacopée chinoise… Un jeu…

Et si la pharmacopée chinoise devenait un jeu… Un jeu de détective dans lequel nous devons trouver les syndromes parfois complexes que vont traiter les formules. Et en association de syndromes trouver les lieux d’action, les symptômes associés voire les pathologies en médecine occidentale.

Voici ce que peut devenir la pharmacopée chinoise : un jeu.

Chaque produit devient une base pour des pièces de puzzle plus complexes qui en s’associant les unes aux autres décrivent un tableau, un paysage. Ce paysage est celui du patient que nous avons devant nous, avec ses déséquilibres, ses dysharmonies. Et notre rôle est de rééquilibrer ses déséquilibres afin de créer une harmonie dans le paysage. En recréant de l’harmonie, cela permet de traiter les différentes pathologies, c’est ainsi qu’en traitant les syndromes nous traitons les symptômes.

Dans l’étude des classiques, souvent nous les utilisons en deçà de leur capacité et de manière très restreinte. En effet lorsque nous apprenons les classiques, nous ne les voyons que dans leur cadre précis. Mais avoir un regard plus large, comme si son potentiel n’était plus une focale zoom mais un grand angle, cela permet d’ouvrir des horizons et de s’enrichir en terme de champs d’action.

Par exemple, XIAO CHAI HU TANG, formule du Shan Han Lun emblématique du syndrome Shao Yang avec alternance de froid et de chaleur, de nausées, de vomissements, un pouls tendu, est composé d’un groupe de produits qui traite la chaleur (CHAI HU / HUANG QIN), d’un produit qui harmonise le Qi de l’E (BAN XIA), et d’un tonique du Qi (REN SHEN). Ceci est la colonne vertébrale de la formule. Le Vent-Froid sur le Biao a commencé à pénétrer dans l’interne et se trouve entre l’interne et l’externe (mi-Biao / mi-Li). Le corps se défend par moment (fièvre) et dans d’autres il ne peut plus assurer la défense et le froid s’exprime (frissons). Ainsi les produits pour la chaleur traite la transformation du froid en chaleur dans le Shao Yang, celui pour le Qi de l’Estomac, le Qi Ni de l’Estomac et Ren Shen tonifie le Qi orthodoxe qui s’affaiblit. Vous trouverez ceci dans n’importe quelle littérature de pharmacopée chinoise.

Voyons la formule autrement :

Dans cette formule, il y a trois pièces de puzzle :

  • La première pièce traite la chaleur dans le Shao Yang, mais Huang Qin traite aussi la chaleur-humidité dans le Gros Intestin, le Poumon et le F, Chai Hu est un produit qui harmonise le Qi du Foie et fait monter le Qi.

Ainsi ce couple traite la chaleur dans le Biao et dans le Li, rafraîchit la chaleur et fait circuler le Qi du F et de la VB.

  • la seconde pièce harmonise et fait descendre le Qi de l’Estomac avec Ban Xia, qui dissout aussi le Tan-humidité.

Il est associé à Sheng Jiang qui réchauffe le réchauffeur moyen et abaisse le Qi de l’E.

  • La troisième pièce tonifie le Qi de la Rate avec Ren Shen associé à Da Zao.

Dans ce cas de figure, il est possible de dire que Xiao Chai Hu Tang :

  • disperse la chaleur-humidité du Shao Yang (méridien et entraille – Vésicule Biliaire) mais aussi du Foie, du Gros intestin, du Poumon,
  • harmonise le Qi de l’Estomac
  • tonifie le Qi.

Ne peut-on pas dire que lorsqu’il y a présence de symptômes de chaleur qui apparaissent de ma nière cyclique selon l’état de fatigue de la personne, Xiao Chai Hu Tang pourrait être utilisée.

Dans ce cas, nous traitons des pathologies chroniques dans lequel le Xie Qi froid a pénétré et s’est transformé en chaleur. Il est localisé dans le Shao Yang et s’exprime lorsque la fatigue apparaît (phase chaleur). Dans les phases où Zheng Qi est suffisant, le Xie Qi ne peut s’exprimer et les symptômes disparaissent. Toutefois Zheng Qi n’est pas suffisant pour expulser le Xie Qi.                                                       Ainsi à chaque fois que la personne est fatiguée, elle va présenter des pathologies de type chaleur.

Xiao Chai Hu Tang permet à la fois de disperser le Xie Qi chaleur et de tonifier Zheng Qi pour aider à l’expulsion du Xie Qi.

Ainsi Xiao Chai Hu Tang peut traiter des hépatites, cholécystites, pneumonies, céphalées, syndromes d’introversion, fièvre chronique, fièvre cyclique, polyarthrites rhumatoïdes et autres pathologies dans lequel les phénomènes de chaleur sont aggravés ou déclenchés à la fatigue.